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Le « choc d’offre » pour régler la crise du logement en France, une « incantation » et de multiples contradictions depuis 2017

D’abord, une satisfaction. Lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, le 30 janvier, le premier ministre, Gabriel Attal, a évoqué la crise du logement. Un signal que guettaient depuis dix-huit mois les acteurs du logement social, du bâtiment, les promoteurs comme les élus locaux et le nombre croissant de ménages désespérément à la recherche d’un toit abordable. « Nous répondrons à cette crise du logement en créant un choc d’offre », a avancé le nouveau chef du gouvernement.
Une formule reprise par le nouveau ministre délégué au logement, Guillaume Kasbarian, soixante-douze heures après sa nomination. « De l’offre, de l’offre, de l’offre », a-t-il martelé lundi 12 février, sur RTL. De l’offre en poussant la construction neuve, mais aussi en assouplissant le diagnostic de performance énergétique (DPE), a précisé le ministre. Une nouvelle règle de calcul du DPE devrait permettre à 140 000 logements de moins de 40 mètres carrés d’échapper à la catégorie des « passoires thermiques » (étiquetés F ou G) et donc à l’obligation de rénovation. Les propriétaires de ces logements pourront ainsi continuer à les mettre en location après le 1er janvier 2025. Une piste à moindres frais.
Le slogan de ce que l’on appelle le « choc d’offre » a toutefois refroidi le secteur du logement, affecté depuis la hausse brutale des taux d’intérêt, à partir de l’automne 2022, par l’effondrement des transactions dans l’immobilier ancien, la chute des réservations dans le neuf et une tension historique sur le marché locatif. « Je me suis dit, dépitée, que, pour utiliser ces mots-là, le premier ministre n’avait aucune idée, quand on sait que le choc d’offre est une incantation, brandie depuis six ans, et quand on voit quel échec ç’a été », a déclaré Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, qui fédère les organismes HLM.
En septembre 2017, la nouvelle majorité n’est en place que de fraîche date lorsque le gouvernement annonce déjà un choc d’offre de la construction de logements, conformément à la promesse du candidat à l’élection présidentielle Emmanuel Macron. Mais, depuis, rien ne s’est produit. Pire, les chiffres ont rarement été aussi mauvais : en 2023, les mises en chantier de logements ont chuté de 22 % par rapport à 2022, à 287 000 unités, un niveau « proche des points bas de 1992 et 1993, et 72 000 unités au-dessous de la moyenne historique », selon les dires de la filière du bâtiment. Quant aux permis de construire, ils se sont effondrés de 24 %. « Le choc d’offre, je ne l’ai pas vu et je l’attends toujours », résume, sceptique, Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB).
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