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Ce que l’on sait de l’attaque terroriste dans une salle de concert près de Moscou, qui a fait plus de 60 morts

Au moins 60 personnes ont été tuées et plus de 100 blessées, vendredi 22 mars au soir, dans une attaque menée par des hommes armés dans une salle de concert à la périphérie de Moscou.
Selon les services de secours, cités par l’agence Interfax, un « groupe de deux à cinq personnes non identifiées portant des uniformes tactiques et armées d’armes automatiques » a « ouvert le feu sur les agents de sécurité à l’entrée de la salle de concert » du Crocus City Hall, un immense centre d’expositions à Krasnogorsk, au nord-ouest de la capitale russe, puis a « commencé à tirer sur le public », vendredi soir, avant le début d’un concert de rock.
Selon un journaliste de l’agence de presse publique RIA Novosti, des individus en tenue de camouflage ont fait irruption sur le parterre de la salle de concert avant d’ouvrir le feu et de lancer « une grenade ou une bombe, ce qui a provoqué un incendie ». « Les personnes qui se trouvaient dans la salle se sont allongées sur le sol pour se protéger des tirs, pendant quinze à vingt minutes, après quoi elles ont commencé à sortir en rampant. Beaucoup ont réussi à sortir », a expliqué ce journaliste.
« Juste avant le début, nous avons tout d’un coup entendu plusieurs rafales de mitraillette et un terrible cri de femme. Puis beaucoup de cris », a raconté à l’Agence France-Presse (AFP) Alexeï, un producteur de musique qui se trouvait dans une loge au moment de l’attaque. « Trois ou quatre rafales seulement, puis encore quelques autres », a-t-il ajouté, joint par téléphone. Depuis les loges où il s’est barricadé avant de s’enfuir, il a pu observer la panique des spectateurs : « Les gens couraient vers la scène, des mouvements de foule terribles. »
Selon le ministère russe des situations d’urgence, les pompiers sont d’abord parvenus à évacuer une centaine de personnes qui se trouvaient dans le sous-sol de la salle de concert où devait se produire le groupe de rock russe Piknik, dont les membres ont pu être également exfiltrés, a rapporté TASS. Des opérations ont ensuite été lancées, d’après l’agence russe, pour « sauver des personnes se trouvant sur le toit du bâtiment, à l’aide d’équipements de levage ». L’important feu du bâtiment abritant la salle de spectacle « a été pratiquement circonscrit » par les pompiers, a annoncé Andreï Vorobiov, gouverneur de la région de Moscou, aux premières heures samedi. « Le toit de l’auditorium s’est effondré et le retrait des débris continue », a-t-il expliqué.
D’après le comité d’enquête, cité par les agences de presse russes, au moins 60 personnes sont mortes dans cette attaque. « Malheureusement, le nombre de victimes pourrait augmenter », a-t-il précisé. Un précédent bilan donné par les services de sécurité russes (FSB) faisait état de 40 morts, et le ministre de la santé, Mikhaïl Mourachko, avait informé que 115 personnes avaient été hospitalisées, dont cinq enfants.
Un communiqué publié en fin de soirée vendredi par l’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué l’attentat. Des combattants de l’EI « ont attaqué un grand rassemblement (…) dans les environs de la capitale russe Moscou », a affirmé l’EI sur l’un de ses comptes Telegram. Le groupe djihadiste, qui a déjà ciblé la Russie à plusieurs reprises, a affirmé que son commando avait ensuite « regagné sa base en toute sécurité ».
De leur côté, les forces de l’ordre russes ont dit être « à la recherche » des assaillants. Une enquête pour « acte terroriste » a été ouverte. Le comité d’enquête a diffusé une vidéo montrant les enquêteurs en train de travailler dans le hall de la salle de concert, où l’on peut voir une arme automatique et des chargeurs de munitions.
Vladimir Poutine s’est entretenu dans la nuit avec les responsables des forces de l’ordre et des services de secours. Selon les agences de presse russes citant le Kremlin, le président a reçu les rapports du directeur du FSB, du comité d’enquête, de la garde nationale, ainsi que des ministres de l’intérieur, de la santé et des situations d’urgence. Mais il ne s’est pas encore exprimé officiellement.
« Le président a souhaité à tous un prompt rétablissement et a transmis sa gratitude aux médecins », a déclaré la vice-première ministre russe, Tatiana Golikova, citée par les agences de presse russes.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova a, elle, dénoncé un « attentat terroriste sanglant » et un « crime monstrueux ». Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a annoncé l’annulation de tous les événements publics. Les principaux musées et théâtres de la capitale ont annoncé leur fermeture. Des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place, selon la télévision russe, notamment dans les aéroports.
« Soyons clairs, l’Ukraine n’a absolument rien à voir avec ces événements », a assuré, avant la revendication de l’EI, un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, en les qualifiant d’« acte terroriste ». Le renseignement militaire ukrainien avait accusé le Kremlin et ses services spéciaux d’avoir orchestré l’attaque pour accuser l’Ukraine et justifier une « escalade » de la guerre. L’ex-président russe Dmitri Medvedev a assuré que Moscou tuerait les dirigeants ukrainiens s’il s’avérait qu’ils étaient impliqués dans cette attaque.
Washington a rapidement déploré la tragédie, tout en semblant écarter l’implication de l’Ukraine. La Maison Blanche a ainsi assuré, par la voix d’un porte-parole, être « en pensées aux côtés des victimes de la terrible attaque » survenue au Crocus City Hall.
La Maison Blanche a déclaré, vendredi soir, avoir récemment mis en garde la Russie contre une attaque terroriste à Moscou. « Au début de ce mois, le gouvernement américain disposait d’informations sur un projet d’attentat terroriste à Moscou, visant potentiellement de grands rassemblements, y compris des concerts, et Washington a partagé ces informations avec les autorités russes », a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du conseil de sécurité nationale américain.
Une version que Moscou n’a pas confirmée. « Si les Etats-Unis disposent ou disposaient de données fiables à ce sujet, ils doivent les transmettre immédiatement à la partie russe », avait réagi Mme Zakharova vendredi soir à propos des mises en garde adressées le 7 mars par l’ambassade américaine en Russie à ses citoyens concernant des risques d’attentats à Moscou. L’ambassade, suivie par son homologue britannique, appelait notamment à « éviter les grands rassemblements, y compris les concerts », au cours des quarante-huit heures suivantes. Récemment, le 19 mars, Vladimir Poutine évoquait encore cet avertissement en dénonçant « un chantage explicite et une volonté de déstabiliser et d’effrayer notre société ».
Ce même 7 mars, le FSB avait assuré avoir déjoué un projet d’attentat contre une synagogue moscovite, attribué à des terroristes afghans liés à l’organisation Etat islamique. Quelques jours plus tôt, en Ingouchie (Caucase du Nord), les forces de sécurité avaient mené l’assaut durant une nuit entière contre une maison de la ville de Karaboulak, tuant « six combattants », selon les autorités.
En 2002, des combattants tchétchènes avaient pris en otage 912 personnes dans le théâtre moscovite de la Doubrovka pour réclamer le retrait des troupes russes de Tchétchénie. La prise d’otages s’était achevée par un assaut des forces spéciales et la mort de 130 personnes, la quasi-totalité d’entre elles asphyxiées par le gaz utilisé par les militaires.
Le Monde avec AFP
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